vendredi 11 octobre 2019

LES PERIGORDINS SE SONT MANIFESTES EN MASSE LE 6 OCTOBRE, POURQUOI ?


OUI, POURQUOI ? Les personnalités qui s'expriment ci-dessous ont formulé clairement les pourquoi et chaque Périgordin présent à Paris dimanche se reconnait dans ces témoignages !


Syndicaliste chrétien, Joseph Thouvenel explique pourquoi il manifestera le 6 octobre, « au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité », et de l’inaliénable dignité de l’être humain, quelles que soient ses imperfections.

Comment rester insensible au sort de ces enfants que l’on veut intentionnellement priver de père ? La marche de l’humanité doit-elle avancer au pas cadencé de la science, rythmé par « J’en veux, je peux, j’y ai droit » ? Être libre est-ce imposer ma volonté à autrui quand celui-ci n’est pas en demeure de résister ? C’est la réponse à ces simples questions qui m’amène à me mobiliser le dimanche 6 octobre au côté de « Marchons enfants ». Syndicaliste, mon approche est notamment liée à l’histoire sociale de notre pays. (...lire la suite, plus d'infos)

La loi du plus fort

1791, sur les estrades, dans les libelles, face au peuple est décliné le mot « liberté ». C’est au nom de cette liberté qu’un brave bourgeois, avocat de son état, Maître le Chapelier, portera une loi qui pendant plus de 150 ans fit le malheur de la classe ouvrière. Philosophiquement proche de Jean-Jacques Rousseau et de sa théorie du libre contrat, Le Chapelier posera comme principe que seul compte l’accord passé entre tiers. Plus besoin de régulation et de règles protectrices, seul compte le désir librement exprimé par chacun. Le contrat passé se suffit à lui-même.
Très belle théorie sur le papier, catastrophique dans la réalité. C’est simplement ignorer qu’entre celui qui peut donner du travail et celui qui a besoin de travailler pour vivre et faire vivre les siens, il existe une forte disproportion qui vicie la libre acceptation. Ce système porte un nom : la loi du plus fort. C’est ce que nous retrouvons aujourd’hui avec la PMA de complaisance : « J’ai les moyens techniques et financiers, je peux imposer ma volonté au plus faible ; dans le cas présent l’enfant à naître ; je le fais. » Décorréler liberté et justice, c’est ouvrir la porte à la toute-puissance du « MOI », celui qui impose, force, contraint au rythme de ses désirs, fussent-ils les plus égoïstes. Le 6 octobre, je marcherai au nom de la liberté, pour barrer la route à ce nouveau despotisme.

Le « bio », pour le petit d’Homme

En un temps où l’écologie est mise sur un piédestal, parfois à raison, où les puissants du monde s’inclinent humblement devant une adolescente, il est pour le moins contradictoire de fouler du pied l’engendrement naturel. Le bio, l’authentique, ne seraient-ils salutaires que pour les choux et les cigognes et non pour le petit d’Homme ? Un enfant ne mérite-t-il pas dans la mesure du possible que l’on mette toutes les chances de son côté ?
La complémentarité homme-femme est un facteur substantiel dans la construction équilibrée de la personnalité du jeune enfant. La simple observation du comportement des parents dans un square est révélatrice de cette différence. Globalement la mère est plus attentive, plus présente y compris verbalement que le père. Ce n’est ni bien ni mal, juste une réalité éclairante sur la complémentarité homme-femme. Les professionnels décrivent très bien le rôle essentiel du tiers masculin qui triangule la relation mère-enfant. Le père ouvre à l’altérité et en premier lieu à l’altérité sexuelle. Le 6 octobre, je marcherai au nom de l’égalité, pour que des enfants ne soient pas volontairement privés de ce que l’on fait de mieux en termes d’éducateur, un père et une mère.

La science seule n’est pas raison

Les partisans de la loi bioéthique affirment qu’elle est rédigée au nom de la science qui le permet et de l’amour qui l’autoriserait. La science, c’est Pasteur et tous les grands découvreurs au service de l’humanité, mais la science seule n’est pas raison. Au contraire, la raison veut qu’elle soit encadrée pour éviter les dérives à la Mengele, de celles qui traitent l’être humain comme un cobaye, un sujet d’expérience.
 « Je veux, je peux, je fais ! » Cette science est celle sans conscience qui n’est que ruine de l’âme comme le dénonçait déjà Rabelais. Ruine de l’âme et ruine de l’Homme devenu objet manipulable, transformable, parfois jetable. Même quand l’académie de médecine affirme que « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure » et « n’est pas sans risque » pour son « développement psychologique » et son « épanouissement ». Les maîtres des textes n’en ont cure, leur idéologie doit s’imposer telles ces colonnes infernales propageant souffrances et malheurs sur leur passage.

Pour l’amour du plus faible

Quant à l’amour dont ils nous parlent, ce n’est que celui de Narcisse contemplant son image. L’autre n’existe que pour moi-même, mes envies, mes pulsions, mon bonheur. Nul amour en cela, juste une passion prométhéenne tournée vers soi-même. Aimer c’est savoir renoncer, se sacrifier pour l’autre, celui que l’on chérit. Tout chrétien sait que le plus grand geste d’amour donné à l’humanité, fut celui de la passion qui mène au Golgotha.
Autant je comprends le désir légitime d’enfant, l’envie naturelle d’engendrer, d’élever, d’éduquer, et de voir grandir et s’épanouir un adulte en devenir. Mais ce n’est pas parce que j’en ai envie que j’y ai droit. Projeter de briser le lien de filiation paternelle pour assouvir son désir d’enfant, relève non seulement de l’immaturité — être adulte c’est normalement être responsable — mais également d’un égoïsme forcené. Le 6 octobre, je marcherai au nom de la fraternité pour que l’amour de l’autre, l’altérité, l’emporte sur la négation des droits élémentaires du plus faible.

Au nom de l’inaliénable dignité de chaque être humain

Au-delà de la fabrique orwellienne d’orphelins, la révision des lois bioéthiques qui nous est infligée valide la démarche mortifère de tous les créateurs de chimères, manipulateurs de gènes. Il y aurait urgence à tripatouiller les éprouvettes humaines pour rattraper ceux qui comme la Chine prennent de l’avance dans le business du vivant. La belle affaire. Qu’une dictature ait des pratiques contre-nature dans le domaine de la science, justifierait d’encourager une tyrannie scientiste dans notre pays pour la bonne raison qu’il y a du fric à la clé ? Nous ne sommes ni rat de laboratoire, ni objet d’expérience, ni pâte à modeler pour les nouveaux docteurs Frankenstein. Le 6 octobre nous marcherons pour que soit respecté l’inaliénable dignité de chaque être humain quelles que soient ses imperfections.
ALETEIA - Joseph Thouvenel | 01 octobre 2019 

Bioéthique : toutes les (bonnes) raisons de manifester dimanche


Rassemblant une vingtaine d’associations, le collectif "Marchons enfants!" organise, ce dimanche 6 octobre à Paris, une manifestation pour dénoncer le projet de loi bioéthique actuellement examiné à l’Assemblée nationale. La rédaction d’Aleteia a choisi de répondre aux arguments, de fond et de forme, avancés par ceux qui hésitent à (se) manifester.

Depuis quelques jours les discussions s’animent dès qu’il est question de la manifestation prévue ce 6 octobre à Paris contre le projet de loi bioéthique. Faut-il y aller pour manifester son désaccord ? N’est-ce pas trop tard ? Cette forme de contestation n’est-elle pas un peu trop connotée ? Et puis, dans le fond, qu’y a-t-il de choquant dans le texte actuellement examiné à l’Assemblée nationale ? La rédaction d’Aleteia a choisi de répondre à quatorze arguments, de fond et de forme, avancés par ceux qui hésitent à (se) manifester.

« La loi est passée, ça ne sert à rien ! »

Non, la loi n’est pas passée. La procédure législative ne se limite pas au seul vote de l’Assemblée nationale. Si l’article 1 du projet de loi bioéthique portant sur l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules a bien été adopté par les députés le vendredi 27 septembre dernier, le texte doit non seulement encore être voté dans son ensemble mais aussi être adopté dans les mêmes termes par le Sénat. La chambre haute a d’ailleurs annoncé la création d’une commission spéciale le 15 octobre, jour où l’Assemblée lui transmettra probablement son texte.
La Présidente des Associations familiales catholiques (AFC), Pascale Morinière, a en effet déploré que « beaucoup de journaux affirment que le premier article est “définitivement” voté… Ce qui entretient une confusion profonde et grave sur le mécanisme de fabrication de la loi ». À partir du 15 octobre, ce sera donc au tour des sénateurs d’examiner le projet de loi, selon une procédure de va-et-vient appelée « navette » entre les deux Assemblées, chacune étant appelée à examiner et, éventuellement, à modifier le texte adopté par l’autre. À chaque étape, seuls les articles sur lesquels demeure une divergence restent en discussion, jusqu’à la recherche d’un consensus entre les deux chambres. Un processus long, donc, et qui ne sera pas clos avant l’été prochain.

« J’ai manifesté contre le mariage pour tous et la loi est passée quand même ! »

Certes la loi autorisant le mariage des couples de personnes de même sexe a été promulguée le 17 mai 2013, malgré de nombreuses vagues de manifestations dans plusieurs villes de France. Mais cette large mobilisation a cependant contribué à freiner d’autres réformes sociétales. Sans ces mouvements d’opposition, la GPA serait peut-être de l’histoire ancienne et la pluriparentalité une question de jours. L’exemple le plus frappant fut le report, en 2014, de l’examen de la loi Famille. Report annoncé le lendemain de la quatrième manifestation organisée par La Manif pour tous ayant rassemblé entre 100.000 et 500.000 personnes. Lors de cette même manifestation, le collectif réclamait également la suspension de l’expérimentation des « ABCD dits de l’égalité », proposés par la ministre Najat Vallaud-Belkacem, abandonnés depuis. En 2015, un amendement déposé par Erwan Binet, proposait d’étendre aux couples pacsés et aux concubins la possibilité d’adopter. Amendement retiré quelques jours plus tard. Tous ces exemples soulignent que même si l’objectif premier semble perdu d’avance, il y a des victoires collatérales dont les retombées ne sont pas nulles.

« Je ne suis pas un voyou, je ne descends pas dans la rue pour manifester ! »

Mais il n’est pas nécessaire d’être un voyou pour manifester ! Si les 45 actes menés par les Gilets jaunes donnent une bien piètre image des manifestations, le droit de manifester demeure un principe démocratique, reconnu et protégé par la loi. Depuis 1789, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen dispose que « nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » (article 10). Une décision du Conseil constitutionnel du 18 janvier 1995 établit que le droit de manifester se rattache au « droit d’expression collective des idées et des opinions ». Un droit que chaque citoyen, tout bien élevé qu’il soit, peut faire prévaloir tant que son expression reste pacifique.

« J’ai choisi une autre manière de manifester mon opposition »

Effectivement. On peut mener une « offensive de prière« , comme cela a eu lieu à Toulon et à Villié-Morgon (Rhône). On peut prendre la parole dans les médias, si tant est qu’on en ait l’occasion. On peut écrire à son député et lui demander quelles sont ses intentions de vote sur la loi bioéthique. On peut encore témoigner auprès de ses proches et animer des débats pour faire aboutir la réflexion. Très bien. Mais la puissance de l’opposition ne réside-t-elle pas dans la multiplication de tous ces canaux ? Pourquoi ne pas utiliser tous les moyens et tous les droits qui sont à disposition de chaque citoyen pour manifester son opposition ? Soyons réalistes, la réussite d’une manifestation se mesure au nombre de ses participants. Alors pourquoi jouer en solo plutôt que de venir gonfler les rangs d’une manifestation dont vous soutenez la cause ? Vous pouvez faire les deux !

« J’ai autre chose de prévu cet après-midi-là »

Réunion familiale prévue de longue date et billets de train non remboursables ? Un vrai discernement s’impose. Pour ce faire, il est nécessaire de s’informer sur les enjeux du projet de loi, et de porter en conscience un jugement. « Nous avons tous une conscience », a déclaré Mgr Aupetit, sur France Info, le mardi 1er octobre. « Et si ma conscience me dicte qu’il y a quelque chose de grave derrière une loi, alors je dois réagir. Ne pas le faire serait de la lâcheté. » À chacun, en son âme et conscience, d’ordonner ses priorités.

« Je déteste la foule et j’ai peur que ça tourne mal »

Le collectif organisateur de la manifestation a invité à manifester « petits et grands, seul, entre amis ou en famille ». La mobilisation sera pacifique. Un service d’ordre, composé de plus de 1.000 bénévole, et des forces de l’ordre, seront présent tout au long du parcours pour prévenir tout incident et encadrer le cortège. « Toutes les conditions de sécurité sont réunies pour permettre au plus grand nombre de venir en famille », assure La Manif pour tous. Le tracé a préalablement été déposé auprès de la préfecture. Et si vous souffrez d’agoraphobie, rien ne vous empêche de vous mettre à l’arrière, où les rangs sont généralement plus aérés.

« C’est un rassemblement de catho cette manif »

Les catholiques sont loin d’être les seuls à pouvoir émettre des réserves et des inquiétudes quant au projet de loi bioéthique. La manifestation du 6 octobre n’est pas confessionnelle. Elle est ouverte à tous ceux qui s’opposent au texte. Mais « la foi chrétienne contient la certitude que notre vie ne se réduit pas à notre visibilité temporelle. Toute personne est en chemin entre sa naissance et sa mort, un être en devenir dont la mort même participera de son accomplissement », détaille le père Stalla-Bourdillon. Si elles sont éveillées à l’importance des enjeux, les personnes de confession catholique seront assez grandes pour déterminer en conscience quelle serait l’expression la plus efficace pour interpeller l’opinion et le législateur sur les questions posées par la réforme annoncée : questions de procréation et de filiation, mais aussi questions sur l’utilisation de l’argent public, sur le sens de la médecine et de l’accueil de personnes handicapées, affirme ainsi le prêtre.

« Mais les enfants nés de PMA dans un couple de femmes, cela existe déjà »

En France, la loi autorise l’assistance médicale à la procréation (AMP), également appelée procréation médicalement assistée (PMA), seulement aux couples hétérosexuels stériles. Mais nombre de couples de femmes et de femmes seules se rendent en Belgique et en Espagne, deux pays qui autorisent depuis plusieurs années les femmes seules et les lesbiennes à recourir à cet ensemble de techniques médicales. Les études chiffrées sur cette réalité n’existent pas (encore) mais des témoignages sont régulièrement publiées dans les médias. Dès lors, pourquoi ne pas tout simplement modifier la loi française afin d’autoriser la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules ? Pour deux raisons : d’un côté, cela mène à une redéfinition de la filiation « et entérine la fiction d’un enfant qui naîtrait de deux femmes », souligne auprès d’Aleteia Xavier Mirabel. « Jusqu’à présent, est mère celle qui accouche. S’il y a demain deux mères, c’est bien une nouvelle filiation. Une filiation sans père, des enfants que nous aurons volontairement fait naître orphelins de père ». De l’autre, la levée du verrou thérapeutique actuel n’est rien d’autre que le moyen pour le marché de la procréation de prospérer. « Il faut bien comprendre que la PMA pour les femmes n’est qu’une étape, un prétexte finalement pour ouvrir la PMA généralisée non seulement à toutes mais à tous », assure Aude Mirkovic. « Avec l’abandon du critère thérapeutique, la PMA serait en effet accessible non seulement aux femmes célibataires et en couple de femmes mais à tout le monde, y compris le troisième âge et les défunts mais surtout les couples homme/femme fertiles, numériquement les plus nombreux et qui constituent à n’en pas douter la véritable cible de ce marché ».

 « Si un couple de femmes s’aime pourquoi n’aurait-il pas le droit d’avoir d’enfant ? »

Quelle définition retenir de l’amour ? Doit-il être le moteur de « la PMA pour toutes » ? L’amour dont il est question ici « ce n’est que celui de Narcisse contemplant son image », affirme le syndicaliste chrétien Joseph Thouvenel. « L’autre n’existe que pour moi-même, mes envies, mes pulsions, mon bonheur. Nul amour en cela, juste une passion prométhéenne tournée vers soi-même. Aimer c’est savoir renoncer, se sacrifier pour l’autre, celui que l’on chérit. Tout chrétien sait que le plus grand geste d’amour donné à l’humanité, fut celui de la passion qui mène au Golgotha ». Si le désir d’enfant, l’envie naturelle d’engendrer, d’élever et de voir grandir se comprend aisément — tout comme la souffrance de ne pouvoir le faire — cela ne change rien au fait que « ce n’est pas parce que j’ai envie que j’y ai droit ». « L’objectif de l’extension des droits de l’homme n’est plus de sortir les personnes de la pauvreté et de l’ignorance, par exemple par le travail ou l’éducation », explique en parallèle le chercheur Nicolas Bauer. « Les droits économiques et sociaux sont remplacés par des droits sociétaux, qui visent cette fois à libérer un individu abstrait de la nature humaine ».

« Si une femme seule désire un enfant, pourquoi ne pourrait-elle pas en avoir un ? »

Si elle le désire, que son niveau de vie le lui permet et que la technique médicale est au point, pourquoi une femme seule ne pourrait-elle pas avoir un enfant ? Tout simplement parce qu’il manquera toujours à l’enfant la moitié de lui-même. Un enfant se fait par un homme et une femme et s’élève par un père et une mère. Bien sûr que de nombreux enfants sont, de facto, élevés par des femmes seules. Mais bien souvent cette situation n’est pas voulue ou souhaitée. « Où sera notre dignité, s’il est possible de priver un enfant d’un de ses membres ? Car autant un enfant naît avec un corps, autant son père et sa mère sont ses deux membres extérieurs le mettant immédiatement en contact avec la vie sociale », s’interroge le père Laurent Stalla-Bourdillon. « La présence du père, fût-il défaillant, demeure une extension du corps de l’enfant. Aussi vrai qu’un enfant marchera sur ses deux jambes, il entrera sur la scène du monde en prenant appui sur son père et sa mère. L’enfant ne peut être seulement l’objet d’un désir pour la femme qui souhaite être mère. Il sera de facto aussi pour le monde. Mais sans son père, et sans raison qui explique son absence, il sera d’emblée amputé d’un de ses membres. Est-ce suffisamment perçu ?

 « Un père ou un tiers… Quelle différence ? »

« La conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure qui n’est pas sans risques pour le développement psychologique et l’épanouissement de l’enfant », a affirmé l’Académie nationale de médecine dans un rapport publié ce samedi 21 septembre. L’Académie a souligné que si son but n’est pas de « donner un avis » sur une « mesure sociétale », elle « estime de son devoir de soulever un certain nombre de réserves liées à de possibles conséquences médicales ». De plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, « la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l’enfant comme le rappellent des pédopsychiatres, pédiatres et psychologues », assure encore l’institution. Si elle « reconnaît la légitimité du désir de maternité chez toute femme quelle que soit sa situation », elle affirme « qu’il faut aussi au titre de la même égalité des droits tenir compte du droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible ».

 « C’est juste la loi qui s’adapte à l’évolution de la société… »

… ou bien est-ce la loi qui doit orienter l’évolution de la société ? Répondre à cette affirmation revient à poser la question suivante : quel monde voulons-nous pour demain ? Soulevée par le professeur Delfraissy à l’ouverture des états-généraux de la bioéthique, c’est elle qui doit être la boussole de ces révisions de loi bioéthique. « La marche de l’humanité doit-elle avancer au pas cadencé de la science, rythmé par « J’en veux, je peux, j’y ai droit » ? Être libre est-ce imposer ma volonté à autrui quand celui-ci n’est pas en demeure de résister ? », s’interroge ainsi Joseph Thouvenel. La loi ne doit pas s’adapter à l’évolution de la société. Non, elle doit d’abord et avant protéger les plus faibles et les plus fragiles.


« Il n’est pas question de GPA, donc ce n’est pas grave »

Ah bon ? Jeudi 3 octobre, un amendement présenté par Jean-Louis Touraine et treize autres députés La République en marche (LRM) prévoyant la retranscription de la filiation des enfants nés de gestation pour autrui (GPA) à l’étranger a été adopté. Ce dernier, qui a été ajouté après l’article 4 sur la filiation des enfants nés d’une PMA avec tiers donneur au sein des couples de femmes, prévoit de « permettre la reconnaissance de la filiation des enfants nés de GPA à l’étranger en faisant exécuter une décision de justice étrangère qui établit la filiation ». En d’autres termes, il vise à simplifier la retranscription en droit français à la condition que la GPA (illégale en France) ait été effectuée « dans un État où cette pratique n’est pas expressément interdite ». Si la garde des sceaux Nicole Belloubet a assuré que « Le gouvernement demandera une seconde délibération », l’arrivée de la GPA dans les débats actuels est loin d’être une surprise. « ceux qui travaillent à sa légalisation ne désarment pas et tenteront de l’introduire par le biais des amendements », prévenait déjà en mars dernier Xavier Mirabel. La logique de la fausse égalité entre les couples entraîne mécaniquement le droit à l’enfant par GPA. En effet, la GPA est surtout revendiquée par des hommes qui veulent procréer. De leur côté, les couples de femmes exigent le droit à la PMA au nom de l’égalité avec les couples hommes-femmes. Si elles obtiennent gain de cause, la GPA demandée par les couples d’hommes pourrait bien devenir inéluctable, légitimée par une pseudo-égalité. « Pourtant, l’égalité consisterait à donner les mêmes droits aux personnes se trouvant dans la même condition. Or un couple composé d’un homme et d’une femme n’est pas exactement dans la même condition que deux hommes ou que deux femmes », rappelle Xavier Mirabel.

 « Si la technique le peut, pourquoi l’interdire ? »

Ce qui est techniquement possible est-il systématiquement souhaitable ? Une vie ne suffirait pas à disserter sur cette question. Mais quelques éléments peuvent éclairer la réflexion. « Je rêve d’une bioéthique éclairée qui use de façon responsable des techniques ne contredisant jamais notre fraternité », confiait ainsi Mgr Pierre d’Ornellas lors de la soirée organisée par l’épiscopat français au collège des Bernardins sur les questions de bioéthique. La vraie question sera : comment trouver le bon équilibre entre ce que permet la technique, le principe de liberté et le respect d’autrui ? « En cherchant et trouvant une cohérence éthique », a détaillé à Aleteia l’archevêque de Rennes fin septembre. La technique ne vaut qu’en la mettant au service de l’humanité et de la fraternité.
ALETEIA - Agnès Pinard Legry/Mathilde de Robien | 04 octobre 2019

TRIBUNE de Monseigneur AUPETIT 
Le Figaro - le 4 octobre 2019

L’archevêque de Paris déplore qu’Agnès Buzyn recoure à «des arguments d’autorité» et
manifeste une «attitude dédaigneuse, voire arrogante» face aux objections suscitées par le projet de loi.

Certains pourront s’étonner qu’un évêque prenne la parole sur des sujets politiques. Est-ce vraiment son rôle? Un évêque de l’Église catholique se doit d’annoncer l’Évangile, de permettre à chacun de rencontrer Dieu et de proposer à tous d’entrer dans la Vie éternelle que le Christ a ouverte par sa résurrection.

Justement, par son incarnation, le Christ, le Fils de Dieu, est venu transfigurer notre vision de l’homme en lui conférant une dignité indépassable et ceci quelle que soit son origine ethnique, sa situation sociale, son sexe, sa culture ou son âge. Saint Paul l’explique très bien quand il écrit aux chrétiens de Galatie: «Il n’y a plus ni juifs ni païens, ni esclaves ni hommes libres, ni l’homme ni la femme, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus» (Galates 3, 28). Cette unité de l’humanité qui doit réaliser une fraternité universelle est un travail essentiel de l’Église. Voilà pourquoi les évêques s’autorisent à prendre la parole sur des sujets de société qui touchent à la dignité humaine quand celle-ci est gravement attaquée.

Le projet de loi bioéthique en discussion touche aux fondements les plus essentiels sur lesquels sont bâties nos sociétés humaines: la filiation, la non-marchandisation du corps humain, le respect de toute vie de sa conception jusqu’à sa mort naturelle, l’intérêt supérieur de l’enfant, une médecine philanthropique et non marchande, une écologie humaine où le corps n’est pas un instrument mais le lieu de l’édification de la personnalité.

Le président de la République souhaitait un débat apaisé et consensuel. Il y eut des états généraux, de nombreuses consultations par le Conseil d’État, l’avis du Comité consultatif national d’éthique, de nombreuses interventions d’experts. Qu’est-il sorti de tout cela? Au final, très peu de choses. Les participants aux états généraux, après avoir approfondi la question, se sont clairement déterminés contre l’extension de la PMA hors du champ proprement médical sans que cela n’ait eu le moindre effet sur les rédacteurs du projet de loi. Nous avons été largement consultés et, il faut le dire, écoutés avec courtoisie. Écoutés mais pas entendus. Les seules réponses que nous avons obtenues de Mme la ministre de la Santé aux arguments présentés et fondés en raison sont des arguments d’autorité.

Le Comité d’éthique avait pourtant révélé les faiblesses méthodologiques des études portant sur les enfants élevés par les mères célibataires ou des couples de femmes. Beaucoup d’experts pédopsychiatres confirment que ces études, la plupart anglo-saxonnes, commettent toutes des fautes quant à la rigueur scientifique de la méthode. Là encore, aucune réponse.

Mon enfant vient de moi, mais il n’est pas « mon bien ». Je ne peux pas revendiquer un droit à l’enfant comme un droit au logement

Les questions graves soulevées par des philosophes non suspects d’idéologie et se rapportant à la filiation, en particulier la privation pour l’enfant d’une filiation bilatérale sans recours possible, ont aussi reçu une fin de non-recevoir. L’Académie de médecine qui vient de se prononcer avec des arguments scientifiques très sérieux a été balayée d’un revers de main par la ministre de la Santé qui, sans honte, les a qualifiés de «datés» et de «peut-être idéologiques» sans apporter le moindre argument rationnel. De même pour la Convention internationale des droits de l’enfant signée par notre pays dont Mme Buzyn a dit pourtant qu’elle n’obligeait pas la France.

Cette attitude dédaigneuse, voire arrogante, est caractéristique de ce que l’on observe depuis le début de cette consultation. Une écoute en apparence bienveillante, mais une inflexibilité qui, elle, traduit une attitude idéologique tristement dépourvue de fondements anthropologiques réalistes.
Pourtant, personne n’est maître de la vie, même pas de ses propres enfants. On transmet la vie, elle ne nous appartient pas. Mon enfant vient de moi, mais il n’est pas «mon bien». Je ne peux pas revendiquer un droit à l’enfant comme un droit au logement. Un enfant est toujours un don qu’il faut accueillir sans en faire un produit manufacturé dû à la technologie de l’homme et soumis au pouvoir de l’argent. Il faut apprendre à être fils, c’est-à-dire à
comprendre que notre vie ne vient pas de nous-mêmes, que nous la recevons, que nous devons apprendre à l’habiter. À cette condition nous pouvons être de vrais parents assez humbles pour transmettre la vie et faire advenir une personne qui se saisisse de sa propre liberté. Il n’est pas possible d’instrumentaliser un enfant au prétexte de combler un désir individuel. Si la frustration entraîne une souffrance qu’il faut savoir accompagner, elle ne peut justifier en aucun cas une revendication parentale.

Les autres points du projet de loi sont aussi dramatiquement ordonnés au mépris de toute vie humaine. Les embryons humains sont une fois encore et de plus en plus traités comme un matériau utilisable. Les cellules embryonnaires posent la question éthique de la destruction de l’embryon humain. La possibilité de fabriquer des embryons OGM par modification génétique est une dangereuse dérive. En outre, les expérimentations qui permettraient la création d’embryons animaux dans lesquels seraient intégrées des cellules embryonnaires humaines sont une véritable monstruosité qui n’effraie plus personne et qui montre une anesthésie abyssale de la conscience.

Je salue le courage de ceux qui résistent aux fausses évidences d’un apparent progressisme qui constitue une profonde régression de notre humanité. Non, la loi n’est pas pliée d’avance. Une parole qui s’appuie sur la vérité de notre condition humaine ne s’arrête pas à l’immédiateté de son effet. Elle s’inscrit dans l’avenir, quand la conscience commune saura en évaluer les plus effrayantes conséquences qui sont du même ordre que celles que l’écologie met à jour aujourd’hui. Il y a un lien intime entre le délire technologique qui conduit à détruire notre planète au nom du progrès et la folie des techniciens du désir qui bouleverse l’anthropologie et la nature profonde de notre humanité.

Il ne m’appartient pas d’emporter l’adhésion de tous. Il m’appartient certainement de le dire.

Manifester pour témoigner notre attention aux plus pauvres


Pour le fondateur des Veilleurs, « manifester est avant tout un témoignage qui renvoie chacun à sa propre vie, à son rôle dans ce qui advient de sa famille, donc de notre société et de notre monde ».

Pourquoi je manifesterai le 6 octobre ? Ni par plaisir ni par obligation, mais pour simplement se faire entendre à défaut d’être écouté et se rendre visible à défaut d’être regardé, pour que chacun des membres de notre société assume mieux ses responsabilités lorsqu’il posera des choix dans sa vie personnelle et ses engagements politiques. Manifester est avant tout un témoignage qui renvoie chacun à sa propre vie, à son rôle dans ce qui advient de sa famille, donc de notre société et de notre monde.

La première charité

Une société sans père et sans paternité, qu’il s’agisse d’une famille ou d’une nation, est toujours une société blessée, avec les souffrances souvent non-dites que cela occasionne. La première charité que nous devons à ces familles, c’est de le reconnaître, d’écouter cette souffrance qui va croissant tant en intensité qu’en nombre de victimes : celle des Gilets jaunes, celle des enfants dont les parents sont séparés ou absents, celle des femmes qui avortent sous la contrainte, celle des enfants supprimés et des migrants déracinés.
Face à cela, nous essayons vainement de les nier, de les cacher, d’inverser le sens des mots plutôt que le cours des choses. Pourtant, il faut toujours plus de mensonge et de violence pour faire durer ce que Charles Péguy appelait un « ordre injuste qui cache les pires désordres ». Ainsi, année après année, la nation et la famille ne sont-elles pas plus fragiles, moins fécondes et en proie à de nouvelles divisions ? L’histoire et le cœur nous l’enseignent : l’attention aux plus pauvres et aux plus fragiles, fondement de la civilisation de l’amour, est le seul moyen de prolongement des sociétés humaines.

Pas de fraternité sans filiation

Mal renommée « vivre-ensemble » ou « solidarité », qui la vident partiellement de sa substance, la fraternité se désagrégera tant qu’elle ne sera pas d’abord la découverte d’une origine, un lien, une filiation commune. C’est le père qu’ils ont en commun qui fait que les hommes peuvent devenir des frères, pas le fait de s’inscrire dans le projet d’un homme politique, un actionnaire, un consommateur ou un « parent d’intention ». C’est parce qu’on n’y choisit ni ses parents ni ses enfants que la famille est la base d’un ordre enraciné dans le don de soi et l’accueil de l’autre, fut-il « non-désiré », cérébrolésé, pauci-relationnel ou trisomique 21.
C’est parce que cet ordre n’est pas contractuel et régi par l’homme qu’il a toujours été l’objet d’une tentative de subversion et de dénaturation par les hommes et les régimes politiques. Mais aujourd’hui, les immenses progrès techniques que nous accomplissons dans le domaine de la génétique et les fausses promesses qui les accompagnent ne nous ont jamais autant éblouis et aveuglés. Si la famille est la cible des lois actuelles, c’est parce qu’elle apparaît dans l’étreinte charnelle d’un homme et d’une femme comme le meilleur obstacle à ce rêve lucratif et prométhéen.

Les veilleurs qui jamais ne se taisent

Nous ignorons largement les conséquences politiques de la manifestation du 6 octobre, mais nous pouvons être sûrs que si nous agissons par amour des autres et de la vérité, nous en serons grandis et nous préparerons le réveil des consciences qui toujours guette les hommes et les nations. Je dirais même qu’en manifestant, nous devenons les veilleurs qui jamais ne se taisent sur les remparts de Jérusalem, annonçant le bien qui libère et dénonçant le mal qui ronge l’homme. Don Giussani, le fondateur de Communion et Libération, disait que « les forces qui changent le cours de l’histoire sont les mêmes que celles qui changent le cœur de l’homme ». Ce sont ces forces que nous devons dès à présent mobiliser et laisser agir à la fois, car tout en dépend.


 ALETEIA - Axel Rokvam | 05 octobre 2019


ET ENFIN ON NE PEUT RESTER INSENSIBLE AUX ABSURDITÉS (!) PRONONCÉES PAR ...

Loi de bioéthique : bienvenue en Absurdie


Filiation, multi-parentalité, donneur… Députés et membres du gouvernement n’hésitent parfois pas à défier le bon sens pour défendre leur point de vue sur le projet de loi bioéthique. Et de dessiner en creux un futur inquiétant.

Avec l’examen du projet de loi bioéthique, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas à l’Assemblée nationale. Que ce soit avec véhémence ou tempérance, les députés défendent leur position. Certains le font avec verve et émotion. D’autres, en revanche, tiennent parfois des propos déroutants ou convoquent des arguments pour le moins glaçants. Florilège.
« Nous n’empêcherons [pas] des parents hétérosexuels de concevoir un enfant et de créer des familles de manière charnelle. »
Désirant répondre des députés « inquiets » de voir placer « les deux femmes » d’un couple au même niveau, celle qui accouche et celle qui sera considérée comme la mère, Aurore Bergé, députée LREM, a tenté de rassurer ses collègues d’une bien curieuse manière. Se disant « favorable » à cette égalité, « sans rien altérer du droit existant pour les parents hétérosexuels », elle a ajouté, sans que l’on sache si elle maniait l’ironie ou anticipait un futur possible : « Ni dans ce projet de loi ni demain, nous n’empêcherons des parents hétérosexuels de concevoir un enfant et de créer des familles de manière charnelle ! ». Une précision que seront certainement heureux d’apprendre tous les couples hétérosexuels désireux d’avoir un enfant.
« Ce n’est pas l’accouchement qui fait la filiation. »
« Il s’agit maintenant de traduire en droit les grandes déclarations générales de portée politique, en définissant le mode d’établissement de la filiation. Et c’est à ce stade que les choses se compliquent », a résumé le député LR Xavier Breton, le 2 octobre à l’Assemblée nationale. Dans son argumentaire, il a repris cette surprenante phrase prononcée par Nicole Belloubet, la garde des Sceaux quelques jours plus tôt en commission spéciale : « Ce n’est pas l’accouchement qui fait la filiation ». Répondant à Charles de Courson (Libertés et Territoires), Nicole Belloubet reconnaissait ainsi que l’article 4 du projet de loi « crée un mode d’établissement spécifique pour les couples de femmes ». « Et là, on réalise qu’il y a un problème, tance Xavier Breton, parce que l’on veut garantir l’égalité au sein du couple de femmes, on supprime l’égalité entre les femmes au sein de la société ».
« Nous construisons une filiation de toutes pièces sur le plan juridique »
Auditionnée le 9 septembre en commission spéciale, Nicole Belloubet, garde des Sceaux et ministre de la Justice, a expliqué que « le projet de loi ouvr[ait] des perspectives et des droits nouveaux, plus spécifiquement aux femmes, qu’elles vivent ou non en couple ». Par conséquent, il est nécessaire, dans l’article 4 du projet de loi, de tirer « les conclusions en termes de filiation de l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules ». Vantant les mérites du dispositif prévu à cet effet, elle a asséné : « Parce que nous construisons une filiation de toutes pièces sur le plan juridique, que nous voulons que les deux mères soient égales au sein du couple et qu’elles puissent s’engager dans cette voie le plus simplement possible, nous avons prévu une procédure légère, mais parfaitement sécurisée ». « Nous allons effectivement construire de toutes pièces – collectivement, mais sans notre assentiment, vous l’aurez compris – une révolution juridique par laquelle vous niez totalement les liens du sang », a dénoncé le député LR Philippe Gosselin dans une de ses interventions du mercredi 2 octobre.
« Il n’y a pas de droit de l’enfant à avoir un père. »
Rapporteur de la loi bioéthique et député LREM, Jean-Louis Touraine a frappé fort, le 10 septembre, devant la Commission spéciale de l’Assemblée nationale. Il a ainsi cru bon de préciser devant ses pairs que, dans aucun texte, il n’était précisé « qu’il y ait un droit de l’enfant à avoir un père, non plus qu’à avoir des grands-parents. Ce droit n’est pas inscrit et heureusement ! »
Agnès Thill n’a pas manqué de régir à ce propos en commentant sur Twitter : « Faisons-le vivre sans le noir: il n’y a pas de droit de l’enfant à avoir la lumière du soleil ».
« La fonction de père peut être remplie par une femme […] des oncles, une grand-mère. »
Interrogé fin septembre sur la fonction symbolique du père, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a assuré sur le plateau d’une émission de La Chaîne Parlementaire que la fonction de père peut être remplie par « une femme, une altérité ailleurs dans la famille, des oncles, une grand-mère ». Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir sur les réseaux et d’interroger sur la – nécessaire – fonction du père.
« En rien un donneur de gamètes est un père. »
Encore un raisonnement bien surprenant. « En rien un donneur de gamètes est un père », a assuré dans l’hémicycle la ministre Agnès Buzyn. « Vous avez parlé père biologique, filiation biologique… Non, un donneur de gamètes est un donneur de gamètes. Il l’est dans le code civil, il le sera dans le code de la santé publique ; cela n’ouvre aucun droit ni aucun devoir. »
« L’embryon n’est pas un être humain, mais un amas de cellules. »
« Vous avez utilisé un terme qui me choque, monsieur Breton, en affirmant qu’on tuait des embryons pour la recherche », a déclaré Agnès Buzyn le 26 septembre lors de l’examen du projet de loi bioéthique. « Non. L’embryon n’est pas un être humain, mais un amas de cellules ». Une phrase à laquelle le député Charles de Courson (Libertés et territoires) a répondu : « Moi aussi, je suis un amas de cellules, madame la ministre. Mais on ne fait pas des recherches sur moi-même sans mon accord. » Cette déclaration d’Agnès Buzyn est d’autant plus curieuse que le gouvernement vient d’installer une commission scientifique sur les 1.000 premiers jours de l’enfant qui laisse donc entendre que la vie de l’enfant commence… dès sa conception.

« Ce qui est vrai n’est pas ce qui relève du biologique mais ce qui relève du social et du culturel. »
Il fallait bien un peu de révolution si chère à la France insoumise (LFI) pour animer les débats. « Oui, c’est une révolution du principe de la filiation qui proclame que le patriarcat est fini, que la propriété des hommes sur les femmes est terminée […] Que ce qui est vrai n’est pas ce qui relève du biologique mais ce qui relève du social et du culturel ». Pour lui, « c’est donc un grand moment de progrès de la raison humaine ».
« Pourquoi trois personnes ne seraient pas tout aussi à même que deux, à assumer ? »
Député La France Insoumise, Bastien Lachaud s’est quant à lui attaqué ce jeudi 3 octobre à la pluriparentalité. Si la position qu’il défend est loin d’être majoritaire au sein de l’Assemblée, ses propos ne peuvent que questionner quant au sens même du mot « parent ». « A titre personnel, je ne vois pas quel est le problème. […] A partir du moment où on dit que la filiation n’est pas biologique mais que c’est un projet, que c’est culturel, que c’est une construction sociale, pourquoi trois personnes ne seraient pas tout aussi à même que deux, à assumer ». Mais oui, pourquoi donc ?
« Il y a eu […] des guerres mondiales, des divorces par milliers. Rien n’a jamais démontré que ces enfants-là, entourés de l’amour de leur mère, n’ont pas pu grandir. »
L’argument convoqué par Agnès Buzyn, le 25 septembre, est pour le moins surprenant dans la mesure où les événements qu’elle évoque sont, avant tout, des drames.
« Madame, puisque c’est le comparatif que vous avez choisi, allez donc demander à ceux qui ont perdu leur père dans les guerres mondiales s’il ne leur a pas manqué, si cela leur a, finalement, été indifférent », a d’ailleurs réagi l’avocat Henri de Beauregard sur Twitter 
ALETEIA - Agnès Pinard Legry/Eric de Legge  04 octobre 2019